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foot on the ceiling, attack inside our heads

30 décembre 2013

OriginaleMoyenneSans Je sature. J'ai été

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Je sature. J'ai été euphorique. Mais trop, trop,

 

le 24 au soir, j'étais auprès des restes de ma famille paternelle. C'était un nouveau noël. En tout point. Nouveau sans obsession de la nourriture, nouveaux sans papi et mamie (désespérément), nouveau avec le sourire, avec la pleine conscience de mon bonheur.Je suis ravie, je rie bruyamment, je parle, je regarde, j'écoute. Très proche de mon frère cette année. Sortie de l'âge con. On s'aime, on se le dit indirectement. Pour moi, jusqu'à récemment, l'amour était synonyme de mièvrerie. Aujourd'hui, c'est quelque chose que j'éprouve en toute simplicité. Une espèce de complicité du lien du sang, mais pas parce que nous sommes frère et sœur seulement, ça ne marcherait pas. Non, parce qu'on se connaît, on se sait et il y a une force très prenante, comme un alcool fort, et je crois que c'est ce qu'on appelle l'amour.

 On parle, ça n'en finit pas... et ça me va. Je suis bien. J'ai le rire facile, j'en rajoute même. On échange, tous, ma tante, son compagnon, mon père, ma mère, mon frère, moi.On parle et je ne pense pas que. Que je voudrais juste disparaître, que comme une ado ils me font tous chier, que mamie ne ressemble plus à mamie, que je j'aimerais faire passer une douleur venue de nul part en traçant des lignes rouges, que je me demande si on bouffe bientôt parce que bordel je ne veux que ça, que je dois calculer stratégiquement le moment où je vais gerber de façon à ce qu'il ne reste rien de ce repas que j'aurais sucé jusqu'à la moelle. Je n'y pense pas (plus) un seul instant. Je pense juste à ici et maintenant, ma famille, échanger.Le repas s'étend. Et ce que j'ai dans mon assiette reste à sa place : un moyen de me nourrir et à l'occasion un simple plaisir. Ce n'est pas ce qui habite mes rêves, mes pensée, ce qui passe avant mes proches, avant mes passions, avant tout. Là, ce qui est absolument magique, génial, fantastique, c'est que je passe juste un moment pour de vrai et que ça me procure du plaisir.

 Ma bonne humeur manque juste d'être émoussée lorsqu'un plat suintant l'huile arrive sous la dénomination de plat « diététique » et « léger ». Ma tante en remettait une couche, insistait lourdement, fière de nous servir quelque chose de selon elle pas compliqué pour moi. Elle aurait même bien aimé qu'il y ai plus de jus, c'était « sec » selon elle. Je me mords la langue, bouillonne, agite les jambes sous la table. Je sais que ce n'est pas grave, je sais que ma tante comme beaucoup n'a aucune notion de diététique. Ce n'est que de la bouffe, je suis au repas de noël bordel ! Mange et fais toi plaisir, c'est pas grave si du sucré, du gras, du calorique entre en toi, c'est pas grave si tu ne le restitue pas dans les chiottes. Je sais que c'est un détail débile. Je le sais, je me le répète. Mais il y a encore des traces, c'est normal. Une fixette sur des choses sans importance. C'est moi.

 Le dessert. Ouf, le repas est fini. Tout est entré, tout est gardé. C'était bien. Les cadeaux ! Les cadeau ! Voix d'enfant qui résonne en moi. Les cadeaux... Tellement plus merveilleux quand ils sont encore emballés. Parce qu'ils ne sont pas encore des objets qui nous appartiennent.Et puis, j'ai surtout une excitation à l'idée de voir le visage de mes proches ouvrir les cadeaux que je leur offre. C'est ce moment délectable entre le moment où l'emballage est déchiré et le moment où les yeux s'agrandissent, où ils y a, pourquoi pas, un cri d'exaltation. Et c'est moi qui suis responsable de ce bonheur. C'est jouissif.Je suis celle qui a le plus de cadeau. Je ne peux pas me plaindre, naturellement, ce serait hypocrite, mais je me sens profondément gênée. J'ai du mal à supporter d'avoir coûté de l'argent, que les autres soient désavantagés par rapport à moi. C'est peut-être que j'ai peur qu'on m'en veuille. Je suis gâtée, bien trop. Je suis à la fois très heureuse et horrifiée. Mon père a un fou rire quand ma tante ouvre le cadeau qu'il avait emballé de façon quelque peu hasardeuse. Rire qui se généralise, mon père pleure. C'est tellement rare des instants comme ça.

 Bisou, remerciements, merci, merci. Tisane, fatigue, bonne nuit.

 

Le lendemain, Famille maternelle. J'affiche un sourire marqué pour rassurer tout ceux qui étaient si inquiets. J'exhibe mes formes, décolleté, robe courte, regardez, j'ai de la chaire sur mes os.

« Le père noël est passé ! » Plus personne n'y croit. Mais nous nous accordons le luxe de faire perdurer ce plaisir régressif.

 Trois plombes pour choisir les places, servir les apéro. C'est qu'on est nombreux ici : 18. On chercher des complications, on se décale, on cherche un siège rembourré pour mamie. On trinque. Cousin, cousines, oncles et tante. On se déplace parce que c'est indispensable de trinquer avec tout le monde.Mes deux cousins plus vieux que moi mais pas encore assez pour trouver les réunions de famille intéressantes sont en train de décuver de la veille. Les deux frères ont bu ensemble pour oublier, pour oublier un famille disloquée. Papa buvait, maman est un peu névrosée. Ce noël, celle-ci était avec un nouveau compagnon. Le genre gros nounours tatoué.Ma cousine et moi, très fusionnelles, échangeons, commentons le repas, les délires de nos parents et de leur frères et sœur. Ils vont loin. Font des « blagues de vieux ». Parlent de bonne chaire et d'huile essentielle, des problèmes de santé d'une vielle de la famille (c'est traditionnel), on pose les questions des apéricube, ils racontent des anecdotes de quand ils étaient petit. Mamie dit sans cesse qu'elle n'entend pas. Ma mère, un peu pompette, parle fort, rit gorge déployée. Elle est chez elle, elle n'est plus timide. Tout le monde parle fort dans cette famille. Les voix résonnent dans toute la pièce, c'est comme toujours très animé. Les trois sœurs papotent encore et encore. Je suis bien, tellement bien.Tout ça est pittoresque, grotesque ! C'est tellement drôle, tellement comme toujours. C'est familier mais c'est peut-être la première fois que j’apprécie autant.

Discussions un peu plus élevées aussi, avec mon cousin, ils ne me dit pas assez impliquée dans mon végétarisme (classique venant des carnassiers qui ne font pas mieux) et me parle de la psycho, étude qu'il suit lui aussi, de la vie douteuse de Freud, des statistiques descriptives que nous avons tout deux quelques difficultés à chérir.Mes assiettes ne sont pas très remplies. J'en finis vite le contenu. Ma tante s'exclame « mais quelle goinfre ! » Elle me prend à part pour s'excuser.

Il m'a juste fallu vomir la glace du dessert. Je n'en fais pas une montagne. Je fais juste ce qu'il faut pour que ce ne soit pas trop compliqué pour moi.

 

Je commence à fatiguer. Les discussions, les regards, tout ça m'use. J'ai peur de ne pas être intéressante, de ne pas être appréciée, peur des remarques au second degré de mon cousin, de dire quelque chose d'idiot. Les deux jours de fête pèsent sur mes épaules. Non, je ne veux pas jouer à un jeu de société sur les zombies avec le reste des cousins. Je veux juste être seule. Je me sens mal tout d'un coup. C'est les sautes d'humeur habituelles.

Je vais sur l'ordi, dans la chambre du fond, j'écoute nirvana.

Je veux du calme.

 

 Ce ne sera plus jamais le noël de mon enfance. Il manque des personnes et mon innocence. Mais ce ne sera plus non plus un hiver de souffrance.

 C'était magique.

 

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  • Mori: environnement bienveillant, dedans chaotique. Vie de petite fille sage, vie paisible. Quelque chose s'est cassé, mais je crois que c'est pour le meilleur. Ayanna : Parce que la plume est le meilleur exutoire, parce que j'ai à vomir, à dire, à crie
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